Lâche ton appart, et déménage une fois par an
Tu vas peut-être croire que j'ai pété un boulon.
Que ma cafetière est fendue.
Que j'ai un pète au casque.
Mais pour moi, c'est indispensable — voire vital — que tu déménages tous les ans.
Oui, tu m'as bien lu, déménager une fois par an.
Je vais t'expliquer pourquoi en 6 raisons.
Lis-les bien pour comprendre en quoi ça va améliorer ta vie si tu le fais.
Première raison : te créer des expériences mémorables.
Est-ce que tu te souviens, avec précision et avec détail de ta dernière semaine de voyage à l'étranger ?
Je parie que oui.
Tu as des dizaines, des centaines de souvenirs très précis et encore très vivaces.
Tu t'en souviens même sûrement comme si c'était avant-hier.
Maintenant, sois franc : est-ce que tu te souviens de quoi que ce soit de la semaine d'après ton retour au bercail ?
Du mois suivant ?
Tu as, à coup sûr, beaucoup moins de souvenirs marquants.
Et pour cause : s'il n'y a pas de nouveauté, ton cerveau considère l'expérience comme banale. Oubliable.
Et considère donc que ce n'est pas la peine de t'en souvenir.
Le rapport avec la choucroute ?
C'est que si tu vis 5, 10 ou 50 ans au même endroit, la routine fait que ton cerveau ne sera pas stimulé.
Tu ne créeras pas ou très peu de nouveaux souvenirs.
Le temps va sembler passer de plus en plus vite, sans rien de mémorable.
Déménager tous les ans, c'est te créer des nouvelles habitudes.
De nouveaux souvenirs.
C'est avoir des marqueurs temporaires clairs (ça s'est passé quand j'étais dans tel appartement, donc en telle année).
Te souviens-tu de la 37 ème fois où tu as fait l'amour dans ton lit ?
Je parie que non.
Par contre, la fois où tu l'as fait dans une chambre d’hôtel ou en week-end chez des amis, tu t'en souviens — Surtout si les amis t'ont surpris au milieu de l'acte, pense à fermer à clé la prochaine fois 😉 .
C'est pareil pour chaque expérience dans un nouveau lieu. La nouveauté est mémorable. Pas la routine.
Deuxième raison : assainir ton rapport aux objets.
On est dans une société de surconsommation.
80 ou 90% des objets qu'on achète, on n'en a pas du tout besoin.
Si tu déménages tous les ans, tu vas hésiter à deux fois avant d'acheter ce rameur décathlon qui pèse 80 kilos et que tu ne vas utiliser que 3 fois avant de te démotiver.
(tous les gens qui ont une maison ont fait ou feront cette erreur un jour, ça ou un vélo d'appartement :-))
Si tu sais que l'intégralité de ton bazar doit rester facilement transportable, tu ne vas pas acheter n'importe quoi.
Hors de question pour toi d'acheter 15 paires de chaussures si 5 suffisent.
Ni d'acheter ce grand congélateur en promo à 50%, alors que tu ne manges qu'un plat surgelé par mois.
Ni même d'acheter ce sofa Ikea en L, qui à lui seul prendra 70% de ta pièce et t'obligera à l'enjamber à chaque déplacement.
Non, si tu déménages souvent...tu te contentes de l'essentiel.
L'intérêt ?
Ça fait un bien fou mentalement.
Un bureau minimaliste, c'est de l'efficacité en plus.
Plus tu as d'objets de déco, et plus ton esprit va vagabonder, ayant du mal à se concentrer.
Un espace zen et propice au bien être, c'est un endroit épuré. L'essentiel, pas de fioriture.
Combien d'objets ?
À toi de choisir.
Pour moi, tout tient en une valise pour les fringues et chaussures.
Et en 2 ou 3 cartons pour le reste de mes affaires. C'est tout.
Troisième raison : ne pas tomber dans le piège à la c** d'acheter ton logement.
Le pire investissement que tu peux faire dans ta vie ?
C'est d'acheter ton logement pour y vivre.
Tous les bouquins d'investissement te le diront mieux que moi, chiffres à l'appui.
Tu t'endettes sur 20 ou 30 ans, en tuant toute autre possibilité d'investissement durant cette période.
Et tu te mets une pression financière de dingue (combien de gens font un boulot alimentaire juste pour rembourser leur crédit...)
En comptant les travaux, l'entretien, l'inflation et le risque de baisse immobilière...
...si un jour tu te décides à revendre, tu auras dans la majeure partie des cas perdu un petit pactole.
Car non, mettre 20 000€ pour rénover ta cuisine ne te permettra pas de revendre ta maison 20 000€ plus cher dans 10 ans.
C'est de l'argent que tu viens de jeter par la fenêtre.
Acheter son logement, c'est choisir soi-même de s'attacher une chaîne au pied et d'y attacher un poids de 50 kilos, et de jeter la clé dans la fosse aux lions.
Si tu déménages tous les ans ?
Tu n'auras pas cette tentation.
Et ça t'évitera de prendre une décision catastrophique pour tes finances.
(si tu as déjà fait cette erreur, tu peux toujours te rattraper en le louant à quelqu'un, et en louant un logement de ton côté pour changer d'endroit tous les ans.
Oh, qu'il est joli cet appart !
Quatrième raison : aérer tes idées
À force de toujours rester au même endroit, ton cerveau finit par sentir le renfermé.
Tu dois le stimuler.
Et pour ça, il doit être sur ses gardes.
Attentif.
Dans la même chambre que depuis 10 ans, ton cerveau devient paresseux.
S'atrophie.
Ta créativité finit par s'amoindrir pour ne devenir que l'ombre d'elle-même (je pourrais appeler ça le syndrôme Tim Burton ;-))
Bref, au bout d'un moment tu meurs à petit feu dans la routine.
Change d'air. Tous les ans. Pour donner un coup de fouet à tes idées, ta créativité.
Cinquième raison : mieux te connaître.
Celle là, tu ne l'as pas vue venir, avoue ! 😉
Changer de logement tous les ans, ça te permet de mieux te connaître.
De mieux connaître tes besoins du moment.
Sans rester figé dans le passé : peut-être qu'il y a 4 ans quand tu as choisi cet appart il était parfait pour toi...mais aujourd'hui, tes besoins sont différents.
Tu as évolué.
Tes besoins aussi.
Peut-être un peu, beaucoup, à la folie, ou pas du tout.
Mais tu ne le sauras pas avant de te poser vraiment la question.
Visiter des nouveaux apparts, ça va te faire prendre conscience de ce qui te manque dans ton appart actuel.
Ou de ce que tu as en trop.
Tu vas questionner le prix du loyer.
L'endroit où tu vis.
Et même parfois avec qui tu vis.
Gommer les défauts (trop loin du métro, trop près d'un bar bruyant).
Lâcher du lest sur certains points (si je vis seul, 35 m2 me suffisent, sinon je passe mes week-ends à faire le ménage).
En te posant ces questions, tu comprends ce qui compte vraiment pour toi.
Tes envies.
Ton fonctionnement.
Et plus tu sais identifier ces points là, plus tu peux te construire une vie épanouie.
Sixième raison : éviter de te coller à un lieu à la super glu
Le problème au fil des années ?
C'est que tu t'attaches à ton lieu de vie.
Au point de ne plus être lucide.
Cette maison, tu y as passé tellement de temps que tu n'acceptes même plus l'idée d'en partir.
Partir 3 mois au bout du monde ? Mais mon jardin va s'abîmer !
Aller vivre au bord de la mer ? Mais je ne veux pas quitter l'appart où mes enfants ont grandi...
Des gens attachés à leur logement, j'en connais un paquet.
Et la plupart d'entre eux en sont inconscients.
Ils n'ont pas conscience que leurs rêves d'ailleurs sont morts dans l'oeuf. Car ils se sont attachés à leur routine, à leur logement, à leurs meubles...
...et sont terrorisés à l'idée d'en changer.
Ils se mentent à eux-mêmes. Se disent qu'un jour, ils iront vivre au soleil.
Mais ils mourront ici, englués dans leur sentimentalisme et leurs illusions.
Septième raison bonus : parce que ça te sort de ta zone de confort et que ça te rend courageux
Changer de quartier, de ville, de pays ou de planète (hum, on en est pas encore là) ça te fait sortir de ta zone de confort.
Et qui dit sortir de ta zone de confort, dit augmentation de ta confiance et de ton courage.
Un exemple perso ? Quand je vivais chez mes parents en banlieue, ma chambre donnait sur une ruelle sans issue, sans un bruit.
Résultat ? Chaque fois où je devais dormir ailleurs, je faisais nuit blanche à chaque fois. Parce que j'étais habitué à mon confort.
Maintenant, je peux dormir même avec un simple vitrage et des mecs qui font du marteau piqueur dehors. Parce qu'à force de changer d'endroit, je suis devenu plus fort.
Plus évolué.
Plus adapté au monde qui m'entoure.
Bien sûr, une fois de temps en temps ton nouveau logement sera moins bien que l'ancien.
Ça va arriver.
Mais tu vas apprendre de chaque nouvelle expérience.
Et en retirer du positif, malgré tout.
Car tu seras sorti de ta zone de confort. Et que rien n'est plus important pour prendre confiance en toi
(tu peux découvrir mon livre sur la confiance en soi ici : Augmenter ta confiance en 21 jours)
Je sais que beaucoup liront cet article.
Et que peu appliqueront les conseils.
Tant pis pour eux.
Parce que la minorité qui essaiera...
...je te parierai 10 balles et un mars que dans 10 ans ils auront beaucoup plus le sourire que les autres.
D'ailleurs, beaucoup se donneront des excuses.
Oui, mais moi j'ai des enfants...
Et alors ? Tu crois que les enfants n'aimeraient pas changer de terrain de jeu ? 😉
Oui mais moi je n'ai pas beaucoup d'argent...
Qui a dit que ça devait coûter cher ? Tu peux même trouver un logement moins cher si ce sont tes besoins actuels !
Oui mais mon logement actuel est une perle rare...
Ok, peut-être. Ça ne t'empêche pas de visiter d'autres aparts régulièrement, au cas où tu en trouves un qui te plaise autant voire plus !
Oui mais les frais d'agence ça coûte cher...
Moins que les meubles et objets inutiles que tu achètes chaque année.
Et le particulier à particulier ça existe aussi 😉
Oui mais j'ai la flemme de tout bouger...
Raison de plus pour le faire ! Ça veut dire que tu es en train de t'encroûter et qu'il est grand temps de changer.
Oui mais il va falloir modifier mon adresse auprès des administrations...
Oui. Ça va te prendre une ou deux heures par an, en envoyant une dizaine de mails et de courriers. Pas la fin du monde 😉
Conclusion :
Tu n'as pas besoin d'aller vivre à l'autre bout du monde.
Changer de quartier peut suffire.
Ça changera ton trajet quotidien, la boulangerie où tu vas le matin, le supermarché où tu fais tes courses...
Et c'est suffisant pour redonner un vrai coup de boost à ta vie.
Je viens de déménager. À 2 kilomètres de mon ancien appart.
Pourtant, malgré la proximité des deux endroits, j'ai retrouvé une créativité que j'avais perdue.
Une curiosité que je n'avais plus eue depuis des mois.
Je marche deux fois plus tous les jours.
J'écris deux fois plus.
J'ai plus d'énergie au quotidien.
Bien entendu, tu peux aussi partir plus loin. À l'autre bout du monde si tu veux.
Ou à l'autre bout de ton quartier. C'est à toi de voir en fonction de tes besoins.
Dans les deux cas : pense à changer d'ici un an.
Pas plus.
Et tu t'en féliciteras dans quelques années.
Si tu as aimé cet article, essaie d'en appliquer les conseils au moins une fois, en déménageant prochainement, ou au moins en visitant quelques nouveaux appartements.
Ou partage cet article avec la terre entière, c'est cool aussi 🙂
Salut Hervé,
Super article ! Pour compléter ce que tu dis sur la routine, la première année que j’ai passée dans mon appartement m’a parue longue tandis que la deuxième m’a parue super courte. C’est comme s’il ne s’était presque rien passé la deuxième année quand j’y repense … Donc en déménageant souvent, notre cerveau ralentit le temps tel qu’on le perçoit et on « allonge notre vie » d’une certaine manière.
Bref, ton article m’a encore plus motivé à déménager 😉
Baptiste de superpouvoirsocial.fr
Salut Baptiste,
Oui comme notre cerveau a tendance à ne plus enregistrer ce qu’il considère comme habituel, si on veut « ralentir le temps » comme tu dis c’est bien d’apporter une dose de nouveauté régulièrement, et déménager c’est un bon moyen de le faire (un peu galère pendant quelques jours avec les cartons, mais ensuite le processus de nouveauté se met en place tout seul).
Bon déménagement à toi 😉
Hervé
Bonjour,
J’ai choisi de déménager à 40 ans, en emmenant ma femme et ma fille à l’autre bout de la France, dans les Alpes, après avoir habité 40 ans dans les mêmes quartiers (5kms tout au plus sur 3 déménagements).
c’est une rupture énorme.
Nous sommes stabilisés au bout de 3 ans, même si nous avons subi la perte de proches
Soit l’article est une excellente idée. Même brillante. Mais elle doit aussi s’accommoder de la réalité. Autant je pense que voir du pays, bouger, etc… être mobile au sens propre et figuré, constitue une base pour aller de l’avant et « au-delà », autant cet aspect de changement répétitif et « d’un an » (pourquoi un an ?) peut être dévastateur selon les situations et les contextes de vie, les personnes, les moments.
Vous mettez en garde dans votre article sur les douches froides sur le danger que cela peut causer, pourquoi vous avancez-vous autant sur le déménagement ?
N’avez-vous d’ailleurs pas un endroit où vous pouvez retrouver vos « racines » ? Je parie que oui.
Sinon vos conseils et votre état d’esprit sont extrêmement pragmatiques, et emprunt d’une bienveillance évidente.
Bravo à vous.
Oui effectivement ça dépend de la situation particulière, et s’il y a un blocage au niveau du déménagement, la dose de nouveauté peut bien entendu venir d’un autre aspect de votre vie.
J’ai peut-être mal expliqué ma pensée, je parle de déménagement choisi, pas contraint. Dans ce cas, ça peut effectivement être un déchirement.
Et je précise (peut-être de manière trop rapide) dans l’article que juste changer de quartier c’est bien également.
J’ai effectivement mon pied à terre à Saigon, même si j’ai déjà changé à plusieurs reprises de quartier.
La date d’un an est effectivement aléatoire, juste basée sur mes sensations personnelles (c’est en moyenne le temps qu’il me faut pour me sentir trop en confort, et commencer à manquer d’une dose de nouveauté).
Pour certains ça sera peut-être 6 mois, et pour d’autres 3 ans.
Et pour certains grands sages, ce besoin ne sera peut-être même pas présent, car ils sauront en permanence se renouveler et ne pas s’attacher — je ne suis pas aussi fort qu’eux, du coup pour l’instant je choisis une durée assez courte, qui pourra évoluer dans le futur, c’est probable 🙂
Mais plus on reste longtemps, et plus on rend difficile le prochain déménagement : ce n’est pas pour rien que le déplacement après 40 ans au même endroit a été une déchirure, plus on s’attache à un lieu et plus ça devient difficile de s’en éloigner, et la douleur est effectivement bien réelle.
Merci de votre commentaire détaillé, et j’espère que ma pensée est plus claire avec cette réponse 😉
Merci pour tous ces conseils ou pensées qui font réfléchir bien que je ne t’ai pas attendu mais les voir partager conforte
Une question indiscrète, je suis assez curieuse, quel âge as tu et j’imagine que tu es plutôt jeune, t’es tu demandé comment évolueront tes pensées car comme « s’encrouter » physiquement dans un appartement tu risques de t’encrouter moralement dans tes certitudes
Autrement dit te remets tu en question de temps en temps ?
Bonjour Cécile,
Tout dépend de ce que tu appelles « jeune », j’ai 37 ans donc ni jeune ni vieux 🙂
Bien sûr, ma phrase de philo préférée est : « tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ».
Donc je me remets en question en permanence. Et je suis ravi de savoir que je me suis trompé si je me rends compte que mes croyances sur un sujet étaient fausses.
(par exemple il y a une de mes anciennes formations que je ne vends plus, parce que j’ai lu depuis deux livres qui apportaient des éléments convaincants qui remettaient en question une partie des conseils que je donnais dedans).
C’est nécessaire de continuer à évoluer mentalement.
À affiner ses connaissances.
Même si par moments ça fait mal de devoir remettre en question certaines de ses certitudes, on est d’accord !
Bonne année,
Hervé Lero
Bonjour,
& Merci !
J’aime cet article car c’est ce que je ressens au fond de moi donc ça me rassure, j’avais peur d’être « instable ». J’aime avoir un confort, une routine, mais j’aime aussi bouger et avoir sans arrêt de nouveaux projets. Je déménage pour la 3ème fois mais aussi à 2km de chez moi dans 3 mois 🙂 simplement parce que je commençais à me sentir engluée !
Et qui sait, dans 1an où je serais… La magie de la vie 🙂
Tu as raison, si tu ressens cette envie de nouveauté c’est bien de bouger, même si c’est dans la même ville.
Ça évite de tomber dans dans une routine trop grande.
Après, comme tu le dis : on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve : depuis deux-trois ans je ressens moins cette envie de bouger tout le temps, mais je continue de changer tous les 2 ans pour le moment, on verra ce que l’avenir nous réserve !